Pour pouvoir se ravitailler en vol, un certain nombre de procédures ont été définies en France. Tout d'abord le volume d'évolution du ravitailleur et des chasseurs. Ils sont définis et protégés par rapport au reste de la circulation aérienne civile, se situent dans des zones militaires et sont contrôlés par des contrôleurs militaires. Il en existe plusieurs en France et les "axes de ravitaillement" sont au niveau de vol 220 (22000ft, environ 7350 mètres). Un des accès les plus pratiqués en France se trouve sensiblement au-dessus de Châteauroux sur un cap moyen nord-sud. |
La procédure de ravitaillement est relativement simple.
Une fois que les chasseurs ont visuel du ravitailleur ils passent sur sa fréquence radio. Il vont alors rechercher une position que l'on appelle la position "perche droite". Cette position permet d'attendre que les avions qui les précèdent aient finit leur ravitaillement.
Une fois que la place est libre, le premier chasseur est autorisé à prendre la position "observation". Cette position se caractérise par le fait que l'avion reste juste derrière le panier de ravitaillement mais ne fait pas le contact avec celui-ci. Ceci permet de compenser son avion une dernière fois avant de commencer le ravitaillement proprement dit. Une fois que le chasseur semble stable le ravitailleur l'autorise au contact.
C'est à partir de ce moment-là que les choses se compliquent. Premièrement, il n'est pas naturel pour un pilote d'aller toucher un autre avion avec son propre avion, même si le système est prévu pour. Deuxièmement, de l'avis de tous les pilotes qui ont effectué des ravitaillements en vol la première approche sur Boeing est assez impressionnante...
En effet, le rapport de taille surprend toujours la première fois ...
Pour avancer et rejoindre le panier de ravitaillement il suffit de rajouter un petit peu de gaz de façon à faire avancer l'avion vers le réceptacle. Au début la difficulté réside principalement à ce niveau. En effet, trop peu de gaz permettront au panier de subir l'influence aérodynamique du chasseur et donc de s'écarter de la perche au dernier moment. Trop de gaz permettront un contact rapide mais la formation d'une boucle mal maîtrisée qui rapidement amène des problèmes plus sérieux. Il y a donc un juste équilibre à trouver, juste équilibre que quelques missions en escadron de transformation permettent d'approcher, mais certainement pas de trouver.
Une fois le contact avec le panier établi, il s'agit de former une boucle. Les avions français, ayant une perche sur le côté droit du nez, doivent donc se décaler sur la gauche et avancer légèrement de façon à ne pas trop forcer sur le tuyau.
Deux exceptions notables quand même : le jaguar biplace, qui a une perche dans l'axe et le Mirage IV. Pour ces deux avions il y a la possibilité de former une boucle soit à droite soit à gauche. Par habitude et de façon à standardiser tous les pilotes de l'armée de l'air ils effectuent néanmoins la boucle à gauche.
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Mirage F1 se ravitaillant sur un C-160 Transall |
Une fois le contact établi, le transfert carburant débute, amenant lui aussi son lot de problème. En effet rajouter du carburant dans un avion implique d'augmenter son poids. Et si l'on augmente le poids d'un avion en vol, il faut que celui-ci augmente sa puissance pour rester à la même vitesse. Il y a donc un travail permanent au niveau de la manette des gaz pour rester la zone d'efforts admissibles pour le tuyau.
Autre inconvénient, la traînée induite par le panier qui n'est pas dans l'axe de l'avion à ravitailler. Cette traînée entraîne une dissymétrie qui elle aussi consomme de la puissance moteur. Si la configuration des avions à ravitailler est défavorable, on peut arriver, dans certains cas de voir des avions qui ravitaillent en pleine charge PC. C'est notamment le cas pour le Mirage IV dès qu'il fait plein complet et pour le Jaguar et le Mirage F1CR dès qu'ils sont en configuration de guerre.
Beaucoup de pilotes vous diront qu'ils se sont battus pour rester jusqu'aux bout dans le panier, certains avouant même des astuces qu'il n'est pas possible de faire figurer dans ce texte (je veux rester copain avec les tankers...).
Une fois le plein terminé, les avions, sur autorisation du tanker, sont autorisés à se déconnecter.
L'avion qui a terminé son ravitaillement est alors autorisé à rejoindre la position de perche gauche c'est-à-dire une position symétrique à la perche droite mais... à gauche :-)
Une fois qu'il aura rejoint cette position le deuxième avion sera autorisé à procéder à son ravitaillement en suivant la même procédure. Il en sera ainsi pour tous les autres avions de la patrouille.
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Mirage F1 se ravitaillant sur un C-160 Transall |
Cette procédure est utilisée pour le ravitaillement sur le point central du Boeing. Les avions français, ayant été équipés de nacelle en bout d'ailes, permettent d'utiliser une autre procédure. Dans le cas d'une patrouille de deux avions, chaque avion se positionne en observation derrière chaque bout d'aile du Boeing. Ils sont ensuite autorisés au contact dans l'ordre leader puis numéro deux.
Plusieurs avantages existant pour cette procédure. Elle permet de faire rapidement le plein de deux avions et la traînée des tuyaux souples est plus faible que pour celle du point central. En conséquence de quoi les avions ayant une faible marge de puissance sont plus à l'aise pour ravitailler dans des configurations défavorables.
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F-15 Eagle ravitaillé par un tanker de l'USAF |
Par rapport à la procédure française, la procédure américaine diffère en de nombreux points.
Tout d'abord le ravitailleur n'est pas astreint à la la tenue d'un circuit mais juste à la tenue d'une zone.
La rejointe est donc assurée par les contrôleurs jusqu'à l'entrée de la zone. C'est ensuite au chasseur de trouver son ravitailleur et de le rejoindre.
Deuxième différence notable par rapport au système français, le système de ravitaillement. En effet, les américains ont opté pour un système à base d'une perche un rigide pilotée par un sous-officier spécialisé depuis le tanker.
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Lockheed-Martin X-35 ravitaillé par un système à perche rigide (Remarquez l'orifice dans lequel s'enfonce la perche) |
Le chasseur est juste astreint à la tenue d'une position marquée par des repères sous le tanker. Une fois qu'il a rejoint cette position c'est le sous-officier ravitailleur qui dirigera la perche dans un réceptacle prévu à cet effet sur le chasseur. Pour être parfaitement exact, il faut préciser que le système de perche rigide n'a été retenu que par l'Air Force.
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F/A-18 Hornet se ravitaillant |
La Navy a retenu un système similaire au système français.
Ce système, si il est plus compliqué que le système de la perche rigide présente l'avantage d'être beaucoup plus simple à mettre en oeuvre sur un petit avion embarqué sur un porte-avions.
Cela permet à la Navy de disposer d'une nounou qui se trouve en l'air dès que les avions rentrent sur le porte-avions.
Ils peuvent ainsi trouver un supplément de carburant pour attendre que le pont soit dégagé pour retenter une autre approche si la nécessité se fait sentir.
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Ravitailleur léger S-3 de l'US Navy en action |
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